L’univers de Waryaume a toujours été façonné par des forces opposées, où la vie et la mort s’entrelacent dans une danse éternelle. Parmi les entités les plus anciennes et omniprésentes, les morts-vivants occupent une place particulière. Leur existence, liée aux obscurités hivernales d’Argone et aux champs de bataille, témoigne de la nature cyclique de la destruction et de la renaissance.
Depuis la nuit des temps, Argone, dieu des ténèbres et de la mort, s’impose comme l’architecte de l’au-delà. Opposé à Irkay, le dieu du renouveau et de la lumière, il incarne la fatalité et l’immuable descente des âmes vers un repos que seuls les plus puissants peuvent briser. Kaïros, le dieu du temps, voyant l’importance d’un équilibre cosmique, scella un pacte implicite entre ses deux fils, Irkay et Argone, établissant une dualité entre la vie et la mort.
Toutefois, Argone n’agit pas seul dans sa quête d’expansion. Il dispose d’un autre frère : Kharon, dieu de la guerre. Ce dernier, avide de combattants immortels, fut dupé à maintes reprises par Argone. Le maître des ténèbres lui fit croire qu’en incitant les mortels à la guerre, il obtiendrait ses propres légions éternelles. Mais Kharon ne reçut que des corps décharnés et des âmes damnées, incapables d’honorer sa grandeur martiale. Pendant que les dépouilles se relevaient, vides d’âme et d’honneur, leurs esprits, eux, rejoignaient les abysses d’Argone, nourrissant sa puissance toujours croissante.
Les morts-vivants, bien que présents depuis les premières Legacy, ne devinrent légion qu’aux alentours de la centième, marquant l’Ère des Ténèbres. Affamé d’âmes et toujours avide de pouvoir, Argone confia à certains hommes un savoir interdit : le secret de l’invocation des morts. Les fossoyeurs, caste mystérieuse et dévouée au dieu des ombres, reçurent le privilège d’ériger des fosses communes transformées en sanctuaires d’après-vie. Ces lieux sacrés permettaient aux âmes de ne jamais échapper au joug d’Argone et de hanter indéfiniment le monde des vivants.
Les cités qui n’avaient pas de telles fosses étaient condamnées à servir d’offrandes aux légions des ténèbres, leurs habitants fauchés sans distinction, leurs âmes aspirées vers l’obscurité. Ainsi, par le biais de ses prêtres et fossoyeurs, Argone put déléguer une partie de son pouvoir aux mortels, leur permettant de manipuler les cadavres animés et de s’en servir comme outils de guerre.
Chaque être humain tombé sur un champ de bataille ou succombant à une mort naturelle voyait son destin scellé par Argone. Si autrefois l’apparition des morts-vivants était rythmée par l’obscurité hivernale, elle devint au fil des Legacy une constante des guerres incessantes. Chaque bataille représentait une moisson d’âmes, un cycle de destruction et de renaissance macabre orchestré par le dieu des ténèbres.
Parmi les invocateurs les plus redoutés, les fossoyeurs surpassaient tous les autres en maîtrise de cet art sinistre. Considérant les morts-vivants comme une ressource inépuisable, ils en firent la base de leurs armées, multipliant les conflits pour accroître leur influence. Dès la centième Legacy, les morts-vivants cessèrent d’être des présages d’hiver et devinrent la pierre angulaire de la domination d’Argone sur le monde.
Si les âmes des défunts avaient autrefois la possibilité d’errer ou de rejoindre les royaumes des dieux, Argone veilla à ce que cette issue devienne une rareté. Chaque bataille, chaque décès, chaque nouvelle guerre lui permettait d’étendre son influence, dévorant l’essence des vivants pour mieux asseoir son règne. Les âmes capturées, loin de trouver un repos mérité, se retrouvaient prisonnières, leurs souvenirs dissous dans le néant, tandis que leurs corps sans vie marchaient sous la bannière du dieu sombre.
Ainsi, l’histoire des morts-vivants dans Waryaume est celle d’une conquête insatiable, d’un équilibre fragile entre les dieux et les mortels, et d’une fatalité dont seuls les plus audacieux tentent de s’affranchir.