L’histoire de l’Orbe du Temps commence bien avant les Legacies. Forgée par Kaïros, le dieu du temps et des cycles, cette sphère mystique concentrait l’énergie des flux temporels. Elle représentait l’équilibre entre le passé, le présent et le futur, un instrument divin capable de figer, d’altérer ou de protéger les royaumes des mortels.
Cependant, l’équilibre ne pouvait subsister sans l’intervention d’Argone, le dieu de l’obscurité et de la corruption. Voyant en cet artefact une opportunité de semer la confusion dans l’ordre des choses, Argone insuffla une part de son essence dans l’Orbe, corrompant partiellement son pouvoir. En faisant cela, il lia l’Orbe aux marais d’Aldonia, des terres marécageuses empoisonnées par sa magie sombre.
Kaïros, contraint d’accepter cette corruption, céda l’Orbe à Argone, à la condition qu’il n’en abuse pas pour ses propres desseins. Argone, dans un rare élan de calcul et de patience, offrit l’Orbe à Abbadon, le premier mortel béni.
Lors de la Legacy 20, alors qu’Abbadon avait commencé à unir les terres d’Aldonia, il fut visité par une ombre venue des marais. Sous la lumière pâle de la lune, l’apparition se révéla être une émanation d’Argone lui-même.
“Toi qui te prétends le serviteur de Kaïros,” susurra la voix d’Argone, “sache que même les dieux comprennent la nécessité de la noirceur pour protéger la lumière. Voici un fragment de mon pouvoir, une force née des marais empoisonnés d’Aldonia. Utilise-le pour protéger ton peuple, mais n’oublie jamais qu’aucun don des dieux n’est sans prix.”
Avec ces mots, Argone tendit l’Orbe du Temps à Abbadon. La sphère noire, striée de reflets argentés et luminescents, pulsait d’une énergie sombre mais envoûtante. Abbadon accepta cet artefact avec une prudence mêlée de résignation, conscient que son destin était désormais lié aux dieux.
L’Orbe du Temps possédait des pouvoirs prodigieux, mais à double tranchant :
Isolement divin : Lorsqu’Abbadon invoquait l’énergie noire de l’Orbe, un voile impénétrable s’abattait sur Valdornis. Ce bouclier spectral, alimenté par les marais d’Aldonia, rendait la capitale invisible et inaccessible aux ennemis extérieurs. Les armées se perdaient dans la brume, et les navires échouaient à retrouver les rivages.
Manipulation temporelle : Abbadon pouvait figer le temps autour de Valdornis, offrant un répit précieux à son peuple pour se préparer face à toute menace imminente.
Corruption latente : L’utilisation excessive de l’Orbe risquait de perturber l’équilibre naturel d’Aldonia. La magie sombre d’Argone, bien que protectrice, consumait lentement la vitalité des terres environnantes, transformant les champs fertiles en marécages sinistres.
« Pourquoi le dieu accepte que la sphère de pouvoir soit corrompue ? »
L’Orbe du Temps n’est pas simplement un artefact magique.
C’est un catalyseur du libre arbitre, une mécanique divine ouverte aux conséquences.
Le dieu Kaïros ne "valide" pas la corruption.
Il la tolère, parce qu’empêcher tout dérèglement reviendrait à nier la liberté de choix.
Dans Waryaume, même les objets les plus sacrés peuvent être altérés — non par faiblesse divine, mais parce que les dieux respectent la complexité du vivant.
Empêcher la corruption de l’Orbe, ce serait imposer un destin figé.
Et Kaïros n’impose pas : il observe, il enregistre, il laisse faire.
L’Orbe est donc un miroir : elle ne se salit pas seule…
Elle reflète simplement ceux qui s’en approchent.