Les origines de Calon : fils des terres fertiles
Calon est né dans une petite ferme aux abords de Drassel, une ville de l’arrière-pays réputée pour ses vastes terres agricoles et ses élevages. Son père, Beren, était un homme de la terre, robuste et fier, tandis que sa mère, Eryne, cultivait des herbes médicinales et murmurait des prières aux dieux du cycle pour bénir les récoltes. La famille de Calon ne possédait que peu de choses : une maison de bois modeste, quelques bêtes et un champ qu’ils labouraient avec une patience infinie. Mais ils avaient l’essentiel : la chaleur d’un foyer et l’amour d’une famille unie.
Dès son plus jeune âge, Calon apprit à manier la charrue, à guider les bœufs et à reconnaître le moment exact où la terre réclamait la semence. Il n’était pas un guerrier, ni un marchand, mais il possédait la force tranquille de ceux qui bâtissent un monde en silence, à force de labeur et de dévouement.
Dans sa jeunesse, il partageait ses journées avec Ilwen, la fille d’un apiculteur voisin, une âme libre qui aimait grimper aux arbres et rire au milieu des blés. Ils rêvaient ensemble de voyages, de mers lointaines et d’aventures, ignorant que l’ombre d’Argone finirait par dévorer leur innocence.
La paix dura jusqu’à la 2e Legacy, où l’ombre d’Argone s’abattit sur les terres du sud. Un mal étrange s’éleva des terres noircies, souillant l’eau des puits et rongeant les corps de l’intérieur. Les récoltes pourrirent sur pied, et les animaux furent frappés d’une frénésie mortelle, s’entre-dévorant jusqu’au dernier souffle.
Bientôt, les premiers signes de la peste noire apparurent dans Drassel. Les plus vieux tombèrent les premiers, puis les enfants. Beren, en tant que fermier, s’était exposé aux miasmes en essayant de purifier ses terres, et fut l’un des premiers à succomber. Eryne, désespérée, tenta d’utiliser ses herbes médicinales pour soulager la fièvre, mais en vain.
Un matin, alors que le brouillard gris enveloppait les collines, Drassel fut abandonnée. Les survivants fuirent vers le nord, cherchant refuge dans les villes épargnées. Calon, fiévreux mais encore debout, prit sa mère par la main et l’entraîna hors des terres maudites.
Mais Argone ne libérait pas ses proies facilement. À la frontière des bois, alors qu’ils cherchaient refuge auprès d’une caravane de marchands, un groupe de pillards surgit. Dans ce chaos, sa mère fut frappée à mort, et Ilwen, son amie d’enfance, enlevée par ces brigands sans âme. Calon lui-même fut laissé pour mort, agonisant dans la poussière.
Quand il rouvrit les yeux, le soleil était déjà haut. Il était seul. Il tituba jusqu’à un village voisin, où des pêcheurs le recueillirent. Mais la maladie et la tristesse le rongeaient plus sûrement qu’un poison.
Durant des mois, il erra sans but, survivant en travaillant pour quelques pièces ou un repas. Il parcourut les routes du sud, cherchant Ilwen et traquant les pillards qui avaient anéanti son passé. Il devint plus dur, plus rusé, apprenant à manier la dague et à lire la cruauté dans les yeux des hommes.
C’est ainsi qu’il atteignit Brillendal, une legacy après la chute de Drassel. Là, il apprit que la peste noire avait été maîtrisée par les efforts de Syris et de Lethian. Mais pour lui, il était déjà trop tard. Il n’avait plus rien à sauver.
Quand il entendit parler de Kaelen, capitaine du Serpent d’Argent, son cœur battit d’espoir. Ce navire pouvait le ramener à Drassel, là où tout avait commencé.
Son village n’était plus qu’un champ de cendres, mais il devait y retourner. Peut-être pour enterrer son passé. Peut-être pour retrouver Ilwen.
Ou peut-être simplement parce qu’il n’avait plus nulle part où aller.